Mot de l'Intervenante
L’élément féminin italien revêt une grande importance dans l’histoire de la Tunisie, en raison de sa lutte anticoloniale et antifasciste. Cet activisme a vu le jour dans les années Trente du XXe siècle, et s’est maintenu jusqu’à la fin des années Quarante. Rares sont les ouvrages de référence sur ce sujet: en raison de la rareté des ressources bibliographiques, l’intérêt que nous consacrons aux études sur le genre nous a amené à réaliser un premier travail de recherche pour suivre la trace des militantes. Concrètement, le travail de collecte des données a consisté surtout en la réalisation d’une série d’interviews qui nous ont permis de nous relier à l’histoire à travers de vivaces comptes-rendus plus ou moins formels. Parmi nos informateurs des deux sexes, nous avons accordé la prééminence à ces femmes qui ont vécu leur expérience sur le terrain, et qui ont pris part à la lutte soit au sein d’un groupe, soit en étroite relation avec le groupe. Ce sont des femmes qui ont nom Béatrice Slama, Eliane Hassid, Fatma Djellouli qui relatent sur un ton intéressant le cours des événements en les renforçant de leur propre vécu. Nous nous sommes également confrontés avec leurs descendants: c’est la génération qui
a vécu ces faits historiques, qui a assisté aux événements qui ont suivi la vague des départs pour l’Italie, en vue de la poursuite de la lutte et de la reconstruction du pays. Au cours de nos recherches dans l’Archivio Centrale dello Stato (ACS), la consultation des fiches de police, des procès-verbaux d’interrogatoires, des rapports de délation des infiltrés et des informateurs, et une première vue d’ensemble nous ont révélé une importante implication des femmes dans la lutte contre le fascisme, souvent derrière les étendards de l’idéologie anarchique ou communiste.
Rym Lajmi
PhD en Histoire, anthropologie et religions, La Sapienza Università degli Studi di Roma
Maître assistante en Lettres et Civilisation italiennes
Institut Supérieur des Langues de Gabès ISLG