L’or rouge de la méditerranée

Conférence du 29/03/2017

Le corail rouge, scientifiquement nommé Corallium rubrum, est une espèce originaire de la Méditerranée. Il appartient à l’embranchement des Cnidaires et à la classe des Anthozoaires. Plus précisément, il se situe dans la sous-classe des Octocorallia, au sein de la famille des Coralliidae. Le genre est Corallium et l’espèce est ruber, décrite pour la première fois par « Linné » en 1758.

Le corail rouge appartient à l’embranchement des Cnidaires, un groupe très diversifié regroupant des animaux variés tels que les méduses, l’hydre d’eau douce, les anémones de mer, le corail noir, les gorgones et les coraux constructeurs de récifs.

Le nom « Corail » dériverait du sanskrit « Kura » signifiant rouge, puis d’une racine sémitique : « Goral » en hébreu et « Garal » en arabe, signifiant « petite pierre » et peut-être « amulette ».

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À l’origine attribué au corail rouge, ce terme a ensuite été utilisé pour désigner différents genres, comme le corail noir (Antipathes), qui possède un squelette corné non minéralisé et vit dans l’obscurité, les coraux constructeurs de récifs (Scléractinaires) avec un squelette d’aragonite et amateurs de lumière, ainsi que le corail bleu et les coraux mous.

Le corail rouge (Corallium rubrum) est une espèce typiquement méditerranéenne, principalement présente en Méditerranée occidentale, mais également localisée en quelques points de l’Atlantique, notamment sur la côte sud du Portugal, les côtes africaines des Canaries, de la Mauritanie et du Sénégal.

Sa couleur varie du rouge vif au rose et au blanc. D’autres espèces de coraux précieux du genre Corallium se trouvent au Japon, avec des coraux roses, rouges et jaunes, ainsi qu’en Atlantique, où l’on trouve le corail blanc.

Légendes

Minéral par son squelette, d’allure végétale mais en réalité animal, le corail fascine les hommes depuis les temps préhistoriques, son utilisation remontant au Paléolithique supérieur, vers 20 000 avant J.C. Les Égyptiens, Grecs et Romains l’utilisaient, et les Berbères appréciaient particulièrement son rouge vif. Il était échangé contre l’ambre en Europe du Nord, et arrivait en Inde puis en Extrême-Orient, où il servait de monnaie d’échange contre les épices.

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Dans la Grèce antique, la légende racontait que le corail naquit du sang pétrifié de Méduse, décapitée par le prince Persée. Durant l’Antiquité, on lui attribuait de nombreux pouvoirs, tels que détourner la foudre, calmer les tempêtes marines, préserver du mauvais œil et servir de médicament sous forme de poudre ajoutée aux biberons des bébés.

Au Moyen Âge et jusqu’à nos jours, on croit qu’un morceau de corail, souvent en forme de corne et probablement symbole phallique, préserve des mauvaises influences. Pour les chrétiens, il symbolisait le sang du Christ.

Pêche

Actuellement, environ 70 tonnes de corail rouge sont pêchées chaque année en Méditerranée. Bien que l’espèce ne soit pas en danger, sa haute valeur économique a conduit à la surexploitation des zones peu profondes, d’où il a disparu.

Depuis les années 80, la pêche au corail est très réglementée et pratiquée presque exclusivement par des plongeurs équipés de scaphandres autonomes. Étant donné que les « petits fonds » ont été épuisés, ils plongent à environ 100 mètres, parfois plus.

Un plongeur peut collecter entre 200 et 300 kilogrammes de corail par an en réalisant environ 200 plongées.

Cette méthode de pêche est très sélective : le plongeur ne récolte que les branches de corail de plus de 7 millimètres de diamètre, les seules commercialisables.

Cependant, la possibilité d’utiliser des résines synthétiques pour coller la poudre de petites branches pourrait entraîner une récolte intensive.

Autrefois, la pêche se pratiquait avec des engins lourds traînés par le bateau, tels que la « Croix de Saint André », une croix en bois ou en fer lestée à laquelle étaient attachés des morceaux de vieux filets où les branches de corail se prenaient.

Un bateau pouvait ainsi pêcher 1 à 2 tonnes de corail par an, mais les dégâts sous-marins étaient importants et non sélectifs.

Toutefois, les nombreux petits morceaux restants sur le fond pouvaient se bouturer.

Anatomie du Corail Rouge

Au XVIIIe siècle, le jeune médecin marseillais Jean-André Peyssonnel a prouvé que le corail était un animal, une découverte confirmée par le savant Réaumur en 1742.

L’anatomie du corail rouge est assez simple : les tissus recouvrent le squelette axial comme un doigt de gant.

La morphologie des tissus, caractéristique des Cnidaires, se compose de deux couches de cellules entourant une couche gélatineuse sans cellules appelée mésoglée.

 

La mésoglée est traversée par un réseau de petits canaux qui communiquent avec de gros canaux parallèles au squelette axial et avec les polypes, les « bouches » du corail.

Ces polypes, possédant huit tentacules (octocoralliaires), peuvent se rétracter complètement dans de petites loges du polypier.

La mésoglée contient également de petites « aiguilles » de calcaire appelées spicules.

Le squelette du corail a une double origine.

D’abord, la squelettogenèse apicale, où le centre du squelette se forme par la fusion des spicules.

Ensuite, une fois le centre de l’axe formé, la croissance en épaisseur résulte d’une sécrétion par les couches de tissus les plus profondes.

Ce squelette est composé de carbonate de calcium cristallisé sous forme de calcite, coloré par des substances de type carotène ou de fer.

Il contient également des éléments organiques (1,5 % du poids) qui jouent un rôle dans la calcification et confèrent à la structure des propriétés mécaniques exceptionnelles, avec une pression de rupture dix fois supérieure à celle du béton, ce qui permet son utilisation en dentisterie.

Reproduction

Les organes génitaux du corail se trouvent à l’intérieur des polypes, et les sexes sont normalement séparés.

La maturation des cellules mâles prend un an, tandis que celle des gonades femelles se réalise en deux ans.

Après leur émission par le polype mâle, les spermatozoïdes nagent vers les polypes femelles où la fécondation se fait à l’intérieur.

La jeune larve, appelée planule, se développe pendant 20 à 30 jours avant de sortir en pleine eau, ce qui fait du corail une espèce vivipare.

Le corail se reproduit également par bourgeonnement, une voie asexuée.

La température de l’eau peut influencer la date d’émission des larves, et des colonies jeunes, mesurant 4 à 5 centimètres, peuvent émettre des larves qui vivent entre 4 et 12 jours.

Selon la profondeur, l’émission des larves s’échelonne entre juillet et début octobre pour les grands fonds.

La larve nage pendant 4 à 15 jours vers le haut, cherchant un plafond de grotte, puis vers le bas à la recherche d’un substrat favorable.

La jeune larve se fixe en se transformant en un disque plat, puis un polype apparaît, suivi de deux, puis trois.

À partir d’un certain âge, la croissance en épaisseur devient plus importante que celle en longueur.

Initialement, le corail croît d’environ 1 centimètre par an, mais cette croissance ralentit avec le temps.

Mortalité

Les effets de la pollution sur le corail sont encore mal connus, mais la présence de métaux lourds et d’hydrocarbures semble augmenter la mortalité.

Les microparticules rejetées lors de travaux en mer peuvent étouffer les colonies. L’influence de la lumière et de la température de l’eau reste également incertaine.

La mortalité des jeunes colonies est assez élevée, en partie due à la concurrence pour la nourriture avec les grandes colonies et au recouvrement des sites par les sédiments et les éponges.

Les colonies de corail se développent entre 3 et 200 mètres de profondeur, principalement entre 20 et 70 mètres, dans des eaux à 15-16°C en moyenne, riches en plancton et débris organiques, mais claires et peu polluées.

Elles craignent les courants violents et préfèrent les plafonds de grottes, les parois verticales profondes et les abris des auvents.

Elles se fixent sur des rochers rugueux non couverts de sédiments et peuvent se présenter sous forme de bouquets ou avec un ou plusieurs plans de ramification.

Actuellement, les colonies de corail rouge pêchées mesurent généralement entre 5 et 20 centimètres de hauteur et de 10 à 50 centimètres d’envergure.

L’âge d’une colonie est difficile à déterminer, mais une colonie de 4 à 5 centimètres de long pourrait avoir environ 6 à 8 ans.

Le corail rouge est un organisme à très longue durée de vie, avec certaines colonies pesant jusqu’à 2 kilogrammes.

Elles peuvent mourir naturellement ou être accidentellement arrachées de leur support par la mer.

Avenir

L’observation prolongée du corail sur place est impossible, et les essais d’élevage en laboratoire n’ont produit que des individus à un seul polype.

Cependant, des essais de bouturage ont été réalisés en collant des morceaux de branches de corail sur divers supports avec des résines époxy spéciales, puis en les déposant au fond de la mer.

Ces expériences semblent prometteuses, notamment pour repeupler les sites où le corail a disparu à cause de la surexploitation.

Travail du corail

Lors de la pêche au filet, les captures étaient triées sur place, avec le rejet de la « térraille », corail mort perforé par les vers.

Les centres artisanaux les plus importants semblent être à Trapani en Sicile, qui possède un magnifique musée.

Le tri des branches est la première étape. Le corail ne supporte ni la chaleur, ni les acides, ni les huiles qu’il absorbe, car elles modifient sa couleur.

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Viennent ensuite les opérations de taille et de mise en forme, comme la création de gouttes, de sphères et la perforation des perles, ainsi que la taille des facettes.

Puis, les pièces sont polies après avoir été incisées ou sculptées.

Enfin, elles sont montées en colliers, bagues, boucles d’oreilles et autres montages artistiques.

Réalisations

Par Alix Martin