La Route des Haouanet – Tunisia For All

Conférence du 04/02/2014

Les « Haouanet » (singulier « Hanout »), qui signifient « boutique » en arabe, sont des tombeaux rupestres présents principalement le long du littoral tunisien, notamment à Djerba, Monastir, Le Cap Bon et sur la côte Nord.

On les trouve également dans l’Est algérien, à l’Ouest d’Alger et dans le Nord du Maroc. Ces tombeaux sont rarement situés à l’intérieur des terres tunisiennes, bien qu’on puisse en observer à Bulla Regia et à Kalaat Esnan.

Selon certains auteurs, ce type de sépultures aurait une origine en Cappadoce et serait arrivé en Tunisie via la Sicile, où l’on en trouve également.

Cependant, cette hypothèse est surprenante, car les tombeaux siciliens auraient été creusés entre le XIVe et le VIIe siècle avant J.C., tandis que ceux de Tunisie datent du dernier millénaire avant notre ère.

Il est donc probable que ces sépultures soient autochtones, d’origine berbère, plus précisément libyco-phénicienne, liées aux populations « libou » ou « libyques » en contact avec les Carthaginois.

Ces tombeaux sont toujours creusés dans des rochers isolés ou des bancs rocheux, qu’ils soient isolés ou groupés. Leur entrée, qui est systématiquement verticale, est très souvent pourvue d’une feuillure.

El Harouri (Cap Bon, près de Kélibia)

Cette nécropole comprend un groupe de 11 Haouanet, un autre isolé, ainsi que 5 Haouanet situés à moins d’un kilomètre. Certains de ces Haouanet possèdent plusieurs chambres en enfilade, reflétant une structure architecturale libyque.

Un enclos avec un couloir d’accès mène à deux chambres, toutes en forme de parallélépipède rectangle, mesurant moins de 2 mètres de côté, avec un plafond plat, à deux pans ou voûté.

Le long du couloir, des marches d’escalier conduisent à une terrasse où des « cuvettes » creusées semblent avoir été conçues pour des rites libatoires.

Certains Haouanet étaient autrefois ornés de peintures, désormais effacées par la suie.

Jebel Mangoub

Deux nécropoles se trouvent près de Bir Bou Regba, avec 58 Haouanet creusés dans le Jebel Mangoub, et 17 autres près du village d’El Atrach. Dans ces nécropoles, certains Haouanet sont ornés de peintures aux thèmes berbères influencés par les Carthaginois.

Presque tous les Haouanet comportent une ou plusieurs niches, dont la fonction reste incertaine : elles pourraient avoir contenu des offrandes ou une « statuette ».

Dans le Jebel Mangoub, certains Haouanet sont décorés de sculptures et de peintures reliées à des niches. Quelques-uns possèdent un compartiment latéral, et certaines baies sont encadrées d’une rigole.

De plus, certaines parois présentent des graffitis. À proximité de cette nécropole, on trouve également un dolmen.

Jebel Sidi Zid

Près du village d’Oued Zit se trouve une nécropole comprenant une dizaine de Haouanet, où l’influence punique est très marquée.

Parmi eux, le Hanout aux serpents possède trois « lits » et une petite fosse creusée dans le sol, avec trois parois ornées de sculptures de serpents et de pieds de lit.

Le Hanout aux taureaux présente une tête de taureau sculptée sur la paroi de la fosse, tandis qu’au-dessus de l’entrée, une tête cornue encadre une niche.

Le Hanout au « signe de Tanit » se distingue par ses trois lits ornés d’oreillers sculptés, avec un signe de Tanit gravé au-dessus de l’entrée.

Un autre Hanout, dédié aux Sphinx, est en très mauvais état.

Dans certains Haouanet, le sol est creusé de petites fosses, dont la fonction reste incertaine : elles pourraient avoir contenu des offrandes, un mort en position repliée, ou des ossements décharnés.

Jebel Ansarine

Près de Tébourba, deux nécropoles abritent 17 Haouanet à Henchir Jel et 4 autres à Dma Lahssini.

À Henchir Jel, on trouve les vestiges de Haouanet particulièrement originaux, car ils auraient été partiellement construits, plutôt que entièrement creusés.

Les Haouanet « construits », dotés de chambres superposées, pourraient représenter un intermédiaire entre le Hanout et le mausolée vertical.

À Dma Lahssini, les Haouanet se distinguent par leurs grandes dimensions, environ 2,5 mètres, et présentent des façades décorées.

Ils pourraient être de construction tardive ou avoir été creusés pour des individus « riches »

Chaouach (près de Medjez El Bab)

Deux nécropoles se trouvent à proximité du village de Chaouach.

La nécropole Ouest comprend 24 Haouanet, dont 10 sont précédés d’un couloir d’accès.

L’un des Hanout possède une « auge » latérale, et 6 Haouanet sont creusés sur deux étages, chacun précédé d’une esplanade.

La nécropole Est, en revanche, compte une vingtaine de Haouanet, qui sont en mauvais état.

Entre les oliviers en bas, se trouve un dolmen, tandis que sur le plateau se trouvaient des dolmens et un tumulus, mais tout a disparu.

El Guetma

Près de Sedjenane se trouve une nécropole comprenant une dizaine de Haouanet. L’un de ces Haouanet possède une « entrée » qui s’ouvre sur deux Haouanet.

Certaines niches de ces Haouanet présentent une « façade » sculptée en forme d’entrée de temple avec un fronton. De plus, une des parois est ornée de graffiti.

Viaduc Nefza

Il y a deux nécropoles distinctes.

Au pied du viaduc, se trouvent 6 à 8 Haouanet, petits et frustes, qui pourraient être soit très anciens, soit appartenir à des individus très pauvres.

Dans un énorme rocher isolé, un groupe de Haouanet est creusé sur deux étages, sans accès visible.

Kef El Blida

Une nécropole qu’on atteint à partir du hameau d’Aïn Snoussi sur la route Béja-Aïn Draham. Une petite route forestière avant Aïn Snoussi mène à Kef El Blida où l’on trouve 4 Haouanet.

L’un des Hanout est décoré d’une peinture unique montrant un bateau monté par des soldats et deux autres personnages, datant probablement des IVe ou IIIe siècles avant J.C. Deux autres Haouanet sont ornés de peintures représentant des frises.

Zouïnia

Une nécropole taillée dans une falaise se trouve à moins d’un kilomètre au sud de la route Béja-Aïn Draham, près d’Aïn Snoussi.

Elle comprend 9 Haouanet disposés sur 4 étages, dont certaines façades sont ornées de frontons triangulaires. Certains Haouanet présentent des annexes, soit creusées dans l’axe principal, soit latérales.

Par Alix Martin